Bilan des récoltes 2025 : « un manque à gagner de plus de 60 €/ha ! »
Le bilan économique 2025 des exploitations de grandes cultures est négatif pour la deuxième année consécutive, selon Sylvain Jessionnesse. Au regard des niveaux de charges à engager et de la tendance baissière des prix, l’agriculteur et fondateur de Piloter sa ferme prédit déjà une année 2026 encore plus difficile pour les trésoreries et les comptes d’exploitation.
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Quand les rendements sont là, les prix sont bas… La formule a tout d’un adage qui, pour la ferme céréalière française, se vérifie encore en 2025.
Avec 73,7 q/ha en blé tendre et entre 35 et 35 q/ha en colza, les rendements moyen de la récolte 2025 sont jugés satisfaisants cette année, dans une moyenne quinquennale ou supérieure à cette dernière. Mais côté prix, la dégringolade en blé tendre observée depuis mi-février 2025 alimente une tendance baissière pour les mois à venir.
Après s’être maintenus pendant deux ans dans un tunnel compris entre 210 et 250 €/t, les prix du blé sur le marché à terme n’ont cessé de baisser depuis mi-février. L’échéance décembre 2025 est passée de 244 €/t le 18 février dernier à 188 €/t le 9 septembre. Sur le physique, le rendu Rouen était de 230 €/t il y a sept mois. Il est tombé à184 €/t et poursuit sa tendance à la baisse.
Un coût de production bien supérieur aux prix du marché
« C’est important d’avoir de bons rendements et une bonne récolte, mais sans prix satisfaisants sur les marchés, le bilan économique de la moisson 2025 est négatif », explique Sylvain Jessionnesse, agriculteur dans le sud de l’Aube et fondateur de Piloter sa ferme.
En se basant sur un assolement de 100 hectares représentatif de la ferme France, le spécialiste estime à 6 114 € la perte nette pour cette année 2025. « En intégrant une rémunération équivalente à 2 Smic nets annuels, en comptant une main-d’œuvre de 0,67 exploitant pour 100 ha, et en retirant les aides Pac, toutes les charges engagées nécessitent un besoin en chiffre d’affaire de 1 523 €/ha », estime-t-il. Soit un seuil de commercialisation autour de 207 €/t en blé tendre, bien plus élevé que les prix actuels.
Si, d’après un sondage en ligne réalisé sur Terre-net durant la deuxième quinzaine d’août, 25 % des producteurs ont d’ores-et-déjà vendu l’intégralité de leur blé, près de 40 % des agriculteurs n’auraient, à l’inverse, pas engagé le moindre lot de blé tendre. Le niveau et la tendance baissière actuelle des prix s’annoncent encore plus impactants pour ces derniers.
« Seuls les marchés des oléagineux sont aujourd’hui mieux orientés », poursuit-il, avec des niveaux de prix du colza avoisinant un seuil de commercialisation qu’il estime autour de 477 €/t pour cette culture.
La hausse des charges va pénaliser encore plus l’année 2026
Et Sylvain Jessionnesse ne se montre guère plus optimiste pour l’année 2026. « On projette encore une hausse des charges, en particulier des engrais. Le besoin en chiffre d’affaires, et donc le seuil de commercialisation, pourraient se situer entre 215 et 223 €/t. » Avec la tendance actuelle des prix, 2026 s’annoncerait donc déjà très négative pour la trésorerie de la ferme France.
« Nous avons terminé 2024 dans le rouge, nous sommes dans le rouge en 2025 et nous le serons certainement en 2026. Le déficit de la ferme France n’est plus un problème conjoncturel, mais structurel », prévient-il.
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